Un héros de guerre passionné d’aviation

Le nom de Pierre de Saint-Roman reste encore méconnu du grand public, pourtant il fut l’un des pionniers les plus audacieux de l’aviation française dans l’entre-deux-guerres. Né à Toul en 1891, mais profondément enraciné à Fourquevaux, dans le Lauragais (Haute-Garonne), ce militaire décoré de la Légion d’honneur après s’être distingué durant la Première Guerre mondiale, se passionne très tôt pour l’aéronautique. Dès 1918, il obtient son brevet de pilote militaire à l’École de Pau.

En 1924, porté par un rêve visionnaire, il quitte son poste de directeur commercial aux établissements Descamps pour se lancer dans une aventure hors norme : relier la France à l’Amérique du Sud par les airs. À cette époque, l’aviation est encore balbutiante et les défis techniques comme humains sont immenses. Pourtant, Pierre de Saint-Roman est convaincu que l’avion peut rapprocher les peuples, stimuler le tourisme et favoriser les échanges culturels entre l’Europe et le continent sud-américain.

Un projet visionnaire et un destin brisé

En 1927, Pierre de Saint-Roman concrétise son rêve de relier la France à l’Amérique du Sud par les airs, avec le soutien du Comité Paris-Amérique Latine. À bord d’un bimoteur Goliath modifié, il s’élance avec deux compagnons vers le Brésil, bien avant les exploits de Mermoz.

Malgré une préparation limitée et de nombreuses difficultés techniques, l’équipage disparaît en mer au large des côtes brésiliennes. Des débris de l’appareil et un radeau de fortune retrouvés plus tard laissent penser qu’ils ont atteint la terre ferme avant de périr. Leur traversée, bien que pionnière, reste dans l’ombre faute de reconnaissance officielle.

Réhabiliter la mémoire d’un pionnier : une mission en cours

Pourquoi Pierre de Saint-Roman n’est-il pas reconnu comme le premier à avoir traversé l’Atlantique Sud ? Tout simplement parce que' il manque une trace officielle d’un atterrissage réussi. Aujourd’hui, une association animée par Christophe de La Fage et Christian Domengeau Viguerie œuvre pour que Pierre de Saint Roman retrouve sa place dans l'Histoire et s'approcher de la vérité. Un comité scientifique a été constitué, des recherches sont menées, et plusieurs projets de publication, d’exposition et de documentaire sont en préparation. Il s’agit d’un enjeu autant historique que mémoriel, dans un contexte où les figures de l’aéronautique française méritent d’être mises en lumière à l’échelle nationale — en particulier à Toulouse, berceau de l’aviation moderne, qui reste curieusement silencieuse sur ce destin exceptionnel.

Dans l’interview qui suit, Christophe de La Fage revient sur cette aventure , sur les mystères qui entourent encore cette traversée: