Les empreintes de l'Histoire

Les empreintes de l'Histoire

reportages et interviews sur l'Histoire, la mémoire et le patrimoine

sébastien Claret

Il y a quelques années j'ai réalisé une série de reportages et d'entretiens sur des questions comme l'intégration ou plus largement sur le multiculturalisme et ses conséquences. Ces sujets n'ont jamais été autant d'actualité. Je me propose de les livrer à l'écoute des plus curieux. Ces anciennes productions seront complétées par de nouvelles au fur et à mesure de mes interrogations et rencontres.

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20 août 1955 en Algérie : le massacre des européens aux cris de Allah Akbar et la répression française

En août 1955, il y a 70 ans, le Nord-Constantinois en Algérie basculait dans l’horreur. Sous l’impulsion de Youcef Zighoud, chef du FLN très religieux, des insurgés attaquent une quarantaine de localités, massacrant Européens et musulmans loyalistes aux cris d’Allah Akbar, parfois à l’appel du muezzin. Le massacre d’El Halia, où hommes, femmes et enfants furent tués à l’arme blanche, en reste l’un des symboles les plus terrifiants. La répression française, massive et aveugle, fit à son tour des milliers de victimes. Zighoud avait atteint son but : provoquer une rupture de sang irréversible et torpiller la politique d’intégration que Jacques Soustelle, gouverneur général, venait de mettre en avant.

Ces événements, par leur barbarie et la mécanique de représailles qu’ils ont enclenchée, trouvent un écho troublant dans notre actualité, avec les massacres du 7 octobre en Israël et la répression qui a suivi à Gaza.

Mais la guerre d’Algérie a laissé une autre plaie ouverte : celle des disparus civils européens. Comme l’ont révélé Jean-Pierre Lledo et Jean-Jacques Jordi, beaucoup plus d’Européens furent enlevés et n’ont jamais reparu après les accords d’Évian et après l’indépendance, qu’en pleine guerre. Ces disparitions, organisées par le FLN et l’ALN et tolérées par le gouvernement français, sont longtemps restées un tabou.

Pour éclairer ces pages sombres et leurs résonances aujourd’hui, ecoutez l'interview de Roger Vétillard, auteur du livre: 20 Aout 1955 dans le nord constantinois

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Clement Ader et les ailes en plume du génie.

Saviez-vous que l’une des toutes premières tentatives de vol de l’histoire moderne s’est jouée dans le Lauragais ? Dans cette interview passionnante, Lucien Ariès – auteur du livre Clément Ader en Lauragais, terre d’essais aéronautiques – revient sur un épisode méconnu mais essentiel du parcours de l’inventeur.

Originaire de Muret, en Haute-Garonne, Clément Ader est souvent cité pour l’Éole, son aéronef motorisé qui, en 1890, réalisa un saut décisif dans l’histoire de l’aviation. Mais bien avant cela, c’est à Castelnaudary, en plein cœur du Lauragais, qu’il posa les bases de son rêve d’Icare.

Dans un atelier discret, il conçoit l’"Oiseau en plume" : une machine volante recouverte de véritables plumes, imitation méticuleuse du vivant. Un travail d’orfèvre, de naturaliste, d’ingénieur visionnaire. Ce prototype, encore dépourvu de moteur, lui permet d’observer le comportement des ailes, de tester les formes, les équilibres, les réponses à l’air. C’est cette phase qui lui permettra ensuite de concevoir l’Éole.

Mais Clément Ader, c’est bien plus encore : la roue en c téléphone, théâtrophone, inventions militaires, plans d’avions à décollage autonome… Un esprit curieux, avant-gardiste, un pionnier que cette interview permet de redécouvrir sous un jour nouveau, enraciné dans notre territoire.

🎧 👉 Écoutez l'entretien complet avec Lucien Ariès ci-dessous :

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Pierre de Saint-Roman, le pionnier oublié de la traversée de l’Atlantique Sud

Un héros de guerre passionné d’aviation

Le nom de Pierre de Saint-Roman reste encore méconnu du grand public, pourtant il fut l’un des pionniers les plus audacieux de l’aviation française dans l’entre-deux-guerres. Né à Toul en 1891, mais profondément enraciné à Fourquevaux, dans le Lauragais (Haute-Garonne), ce militaire décoré de la Légion d’honneur après s’être distingué durant la Première Guerre mondiale, se passionne très tôt pour l’aéronautique. Dès 1918, il obtient son brevet de pilote militaire à l’École de Pau.

En 1924, porté par un rêve visionnaire, il quitte son poste de directeur commercial aux établissements Descamps pour se lancer dans une aventure hors norme : relier la France à l’Amérique du Sud par les airs. À cette époque, l’aviation est encore balbutiante et les défis techniques comme humains sont immenses. Pourtant, Pierre de Saint-Roman est convaincu que l’avion peut rapprocher les peuples, stimuler le tourisme et favoriser les échanges culturels entre l’Europe et le continent sud-américain.

Un projet visionnaire et un destin brisé

En 1927, Pierre de Saint-Roman concrétise son rêve de relier la France à l’Amérique du Sud par les airs, avec le soutien du Comité Paris-Amérique Latine. À bord d’un bimoteur Goliath modifié, il s’élance avec deux compagnons vers le Brésil, bien avant les exploits de Mermoz.

Malgré une préparation limitée et de nombreuses difficultés techniques, l’équipage disparaît en mer au large des côtes brésiliennes. Des débris de l’appareil et un radeau de fortune retrouvés plus tard laissent penser qu’ils ont atteint la terre ferme avant de périr. Leur traversée, bien que pionnière, reste dans l’ombre faute de reconnaissance officielle.

Réhabiliter la mémoire d’un pionnier : une mission en cours

Pourquoi Pierre de Saint-Roman n’est-il pas reconnu comme le premier à avoir traversé l’Atlantique Sud ? Tout simplement parce que' il manque une trace officielle d’un atterrissage réussi. Aujourd’hui, une association animée par Christophe de La Fage et Christian Domengeau Viguerie œuvre pour que Pierre de Saint Roman retrouve sa place dans l'Histoire et s'approcher de la vérité. Un comité scientifique a été constitué, des recherches sont menées, et plusieurs projets de publication, d’exposition et de documentaire sont en préparation. Il s’agit d’un enjeu autant historique que mémoriel, dans un contexte où les figures de l’aéronautique française méritent d’être mises en lumière à l’échelle nationale — en particulier à Toulouse, berceau de l’aviation moderne, qui reste curieusement silencieuse sur ce destin exceptionnel.

Dans l’interview qui suit, Christophe de La Fage revient sur cette aventure , sur les mystères qui entourent encore cette traversée:

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Les empreintes de l'Histoire: La chevauchée du Prince Noir dans le Lauragais.

Dans son ouvrage Quand le prince noir pillait la Lauragais, Lucien Ariès plonge le lecteur au cœur d’un épisode marquant de la guerre de Cent Ans : la chevauchée du Prince Noir en 1355. Ce récit précis et documenté retrace la campagne militaire dévastatrice menée par Édouard de Woodstock, fils du roi d’Angleterre. Celui-ci ravage le sud de la France, semant la terreur et la destruction. L’auteur met en lumière les enjeux politiques et stratégiques de cette incursion, qui affaiblit durablement le royaume de France. De plus, il montre comment cet épisode prépare le terrain à la bataille de Poitiers en 1356.

Un éclairage historique sur le Lauragais, territoire meurtri

L’ouvrage accorde une place particulière au Lauragais, région durement frappée par les troupes anglo-gasconnes. Villages incendiés, populations en fuite, infrastructures ruinées : tout est dévasté. Lucien Ariès décrit avec précision les conséquences de cette chevauchée. Il montre aussi comment les habitants ont tenté de reconstruire leurs terres. Grâce à des faits historiques détaillés, il illustre l’impact de ce conflit sur l’Occitanie. Pertes humaines, effondrement économique, renforcement des défenses locales : le Lauragais porte encore les traces de cette époque.

Une interview exclusive pour revivre cette période clé

Dans une interview radio inédite, Lucien Ariès revient sur son travail de recherche. Il explique pourquoi cet épisode est essentiel pour comprendre la guerre de Cent Ans. En s’appuyant sur les figures majeures de cette époque, du Prince Noir au roi Jean II le Bon, il éclaire les auditeurs sur les stratégies militaires et les jeux de pouvoir. Enfin, il analyse l’impact durable de cette campagne sur le Lauragais. Une occasion unique de plonger dans l’Histoire et de mieux comprendre les événements qui ont façonné ce territoire.

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1940-1944 : L'épopée des enfants juifs de Seyre (31)

De 1940 à 1944, un groupe d'enfants juifs persécutés par les nazis a trouvé refuge à Seyre, un tout petit village de la campagne lauragaise (Haute-Garonne). ils ont été ensuite transféré au château de la Hille, en Ariège. L'effectif atteindra une centaine d'enfants en majorité d'origine allemande et des Autrichiens. L'encadrement est composé de quatre à cinq Suisses de la Croix-Rouge, des employés espagnols réfugiés de 1939. En juillet 1942, le gouvernement de Vichy livre aux Allemands tous les juifs étrangers vivant en France. Ainsi, tous les jeunes de plus de 16 ans sont arrêtés par la gendarmerie française. Le soir même, ils sont derrière les barbelés du Vernet. La Croix-Rouge suisse intervient immédiatement pour tenter de les sauver....

L'historien Jean Odol nous raconte l'épopée de ces enfants.